Mailman Read online

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  Les pensées de Mailman ont formé un nuage toxique qui flotte entre lui et cette journée ensoleillée. Lui revient alors à l’esprit le souvenir d’une femme qu’il a connue ; ses mains se figent soudain sur le courrier qu’il était en train de trier. Mais stop ! C’est la fête ! Haut les cœurs !

  Au moins, il n’est plus responsable de la tournée du campus. Cette tournée est en général dévolue aux CDD – les intérimaires, les Couillons Du Dimanche, comme on les appelle. À eux les sales horaires, les tournées les plus pénibles, sans oublier les remplacements des facteurs qui partent en congés. Mais ce sont des gosses, des jeunes mecs (ou des jeunes nanas ; de plus en plus nombreuses de nos jours, d’ailleurs, ce dont Mailman ne sait trop quoi penser), ils peuvent tout encaisser. Non, Mailman, lui, travaille dans le centre-ville, distribue le courrier à tous types de populations, issues de toutes les classes sociales, tous entassés au même endroit. Il peut ainsi effectuer sa tournée presque entièrement à pied, avec juste quelques petits sauts de puce en camionnette. Et il possède quelque chose que ses collègues n’ont plus, une relique du bon vieux temps qu’il a su garder et entretenir : son chariot à courrier, un petit engin à trois roues bien commode, équipé de chaque côté de sacoches grandes comme des sacs-poubelles qu’il peut littéralement bourrer de courrier. Grâce à ce truc-là, les bons jours, il réussit à boucler sa tournée vers onze heures trente, suivant le temps qu’il passe à sélectionner les lettres qu’il emprunte à leurs destinataires.

  Il termine son tri. L’horloge indique huit heures. Il arrange ses plateaux, ses lanières et ses élastiques, il empile le tout, attrape un bac grillagé à roulettes, le charge et se dirige vers le parking.

  Nom de Dieu, quelle belle matinée ! Les mordus de la fête vont s’en donner à cœur joie. Encore ourlé de rose, le ciel est parsemé de petits nuages blancs et cotonneux, plus décoratifs que météorologiques. Sa camionnette est garée près du réverbère qu’il a frôlé plus d’une fois en rentrant de sa tournée, l’après-midi. Jamais bien méchant, rien qu’un peu de peinture blanche ne puisse arranger : la première fois, il l’a dit à Ronk et s’est pris un savon ; ils ont envoyé un intérimaire avec un bout de papier de verre et un pinceau. La seconde fois, il a trouvé où la peinture était rangée et a fait le travail lui-même. On l’a inspecté deux mois plus tard, et je vous le donne en mille, c’était bien mieux que le boulot du gosse. Il charge la camionnette, grimpe dedans (le bonheur !), ses cheveux se dressent sur sa tête lorsqu’il appuie sur l’accélérateur et démarre en faisant couiner le moteur. Il y a des matins comme ça où il se dit que si c’était à refaire, il choisirait à nouveau de gagner sa vie en distribuant ce putain de courrier. En général, l’euphorie se dissipe vers dix heures.

  La tournée qui descend de North Hill n’a rien à voir avec celle du centre : voitures plus luxueuses et environnement plus cossu. Il s’engage sur la file de gauche et dépasse les Volvo et les Subaru tandis que l’ensemble de la ville lui apparaît en contrebas : le lac est maintenant couvert de bateaux, NYTech s’étend à l’autre bout de North Hill, l’université de Nestor au sud, et la prison à l’ouest. Poussant le long des rives comme de la mousse sur un tronc, la civilisation croît autour du lac : les pauvres et les branchés sont dans la vallée, les riches, fermement enracinés à flanc de montagne, tandis que les notables règnent sur les sommets. Il s’enfonce plus avant avec son camion qui gronde tout autour de lui. L’émission matinale de Mad Lester passe à la radio. Bonjour tout le monde, encore un merveilleux vendredi sur WNYT et rien que pour vous ! Lester discute avec Saul Bean, l’âme, l’artisan, l’infatigable promoteur de la fête de Nestor. Et nous espérons bien voir tout le monde aujourd’hui, Lester. Nous avons installé cette année une aire de restauration plus grande, et les Singers With Attitude viendront jouer ; nous aurons aussi toute une pléiade d’artisans, des maquilleurs professionnels et des créateurs de masques pour les enfants, et ce soir les pompiers mettront le feu à la vieille maison Chapin-Caldwell puis ils éteindront l’incendie, rien que pour vos yeux… Bean parle si vite que Lester ne peut plus l’arrêter, et sa voix est aussi stridente et désespérée que celle d’une perruche.

  Mailman ne connaît que trop bien le désespoir de Saul Bean : c’est lui qui distribuait les lettres d’amour qu’il écrivait à Minna Combs, un petit brin de femme, conservatrice libérale, membre du conseil municipal, qui venait toujours à la rencontre de Mailman dans le jardin pour intercepter le courrier avant son mari. La pauvre femme quittait le cabinet d’avocat où elle travaillait pour rentrer déjeuner chez elle, les cheveux en bataille et la robe trempée de sueur après une longue matinée passée à obtenir bénévolement des libérations sous caution, et, pendant un mois, presque chaque jour, arrivait une lettre écrite au stylo-bille de la main tremblante de Saul Bean. Elle les ouvrait en déchirant l’enveloppe et les lisait au milieu du jardin. Au bout d’un certain temps, elle demanda à Mailman d’appliquer systématiquement un coup de tampon RETOUR À L’ENVOYEUR à ces lettres, une vraie bénédiction : car cela facilita grandement les choses à Mailman, qui pouvait désormais les lire tranquillement. Ah, elles étaient sacrément corsées, ça, c’est sûr ; et ce fut une véritable tragédie quand Bean finit par renoncer à sa prose. Je me souviens de ta marguerite collée sur mon… la soirée où tu m’as taquiné le tu-sais-quoi… tu dois dire à ton mari qu’on l’a fait, pour qu’on puisse être ensemble… Apparemment, ils avaient baisé un soir, après une réunion du conseil municipal sur le plan d’occupation des sols visant à trouver un nouveau site pour la fête de cette année-là ; elle soutenait le projet de Saul Bean ; il l’avait abordée après la réunion ; elle lui avait offert un verre et une chose en avait entraîné une autre. Mailman la voit toujours de temps en temps, arpentant le Square (auquel elle reste fidèle, elle ne va jamais au centre commercial ni dans les magasins installés le long de la voie rapide) en compagnie de son mari et de ses enfants, un mari encore assez séduisant mais, très, très coincé (c’est écrit sur son visage), et des enfants perpétuellement adolescents, des gosses au regard vide, maigres comme des clous. Probablement une bande de végétariens. Pauvre Minna Combs… Lui arrive-t-il encore de songer à cette nuit intense avec ce taré de Saul ? Aurait-elle préféré qu’il soit moins taré ou bien qu’elle soit moins mariée ? Ou l’a-t-elle tout simplement chassé de ses pensées ? Mailman ne le saura pas : elle n’a jamais répondu aux lettres de Bean.

  Ce qu’elles peuvent lui manquer – ce sont des chefs-d’œuvre, de véritables trésors parmi ses archives de courriers photocopiés. Il craint de ne jamais retrouver de tels bijoux. Il n’est pas idiot, il sait que la fin est proche, que l’épistolaire est mort depuis que règne le courrier électronique. Au diable les pouvoirs en place et leurs grands chantiers numériques ! Mais gardons cette lamentation pour une autre fois.

  Et n’oubliez pas, ajoute Mad Lester, de jouer à notre concours de mots brouillés à dix heures, le gagnant se verra offrir un bon pour des œufs au plat chez Pop’s Deli, ainsi qu’une chance de gagner un appareil photo trente-cinq millimètres. Eh bien voilà, se dit Mailman, encore une bonne raison de vivre. Il consulte sa montre. Rien ne presse.

  Il est maintenant en ville ; il longe un alignement de maisons bien proprettes serties de buissons fleuris, de grands sycomores et de haies de troènes taillées au carré ; il emprunte Schuyler Street, qui sépare en deux sa zone de distribution, sa sphère d’influence. Il file sous la banderole de la fête, tourne à droite sur Taft et se range entre North et Sage, où il aime bien se garer, à l’ombre de vieux érables argentés gigantesques qui ne laissent filtrer qu’un peu de lumière, de sorte que lorsqu’il regagnera sa camionnette, l’habitacle sera frais et sec. Il grimpe à l’arrière, dans la pénombre, et se livre à son rituel quotidien consistant à mettre de côté les lettres avec lesquelles il compte passer sa soirée. Une tâche qu’il effectue à toute vitesse, fort de vingt années d’expérience – comment ça, vingt ? Presque trente, oui ! Une lettre personnelle à moitié collée. Une autre dont
le rabat est simplement rentré, la bande gommée n’ayant même pas été léchée. Puis une enveloppe kraft, doublée de papier bulle, fermée avec un trombone, sans scotch. Mailman est toujours aussi surpris et furieux de constater à quel point les gens se montrent négligents avec leur courrier : ne comprennent-ils donc pas que c’est leur vie privée qui est en jeu, leur numéro de carte de crédit, leurs secrets, des photos d’eux partiellement voire complètement dénudés ? N’ont-ils donc aucun respect pour eux-mêmes ? Sans compter que celui qui lit le courrier des autres aime le défi. Il désire mettre à profit la montagne d’ouvrages qu’il a réunis grâce à des prêts inter-bibliothèques, puis photocopiés, ces manuels d’espionnage auto-édités et reliés par des spirales en plastique, toutes ses commandes par correspondance, pas toujours légales, ces démonstrations en vidéo, ces produits qui dissolvent les substances adhésives et ces substances adhésives qui durcissent les solvants, ces guides du parfait faussaire, ces différentes gammes de papiers et ces tampons à oblitérer volés, tout ce qu’il a stocké dans sa chambre à coucher. Il veut connaître le frisson d’ouvrir une lettre sans la détruire, d’en extraire le contenu sans offenser personne, de voir sans être vu. Il savoure tout autant la conquête que la victoire.

  Les journées trop faciles, comme celle qui semblait se profiler, l’irritent au plus haut point. Le dépriment, même, en le faisant douter de l’intérêt de protéger sa vie secrète, car en fin de compte, tout le monde se fiche bien de ses cachotteries. Pour se consoler, il met de côté quelques lettres supplémentaires : des usagers dont l’existence est en général trop ennuyeuse pour qu’on s’en préoccupe, ou dont les problèmes, qui l’ont tenu en haleine un moment, ne sont plus maintenant qu’une monotone répétition. Combien de grossesses non désirées, par exemple, devra encore supporter Jodie M. Steiner, domiciliée au 325 Creekedge Lane, avant qu’elle ne cesse de coucher avec le voisin septuagénaire de ses parents (Thomas Effening, 327 Creekedge Lane, professeur émérite de sociologie et anciennement grand culbuteur de nymphettes locales – un homme indéniablement doué pour la correspondance) ? Pendant combien d’années encore Mark Poll, domicilié au 830 North Sage Avenue, appartement 5A, va-t-il continuer à se saouler et à vandaliser des voitures en pleine nuit, avant de trouver enfin un autre moyen de combler le vide de son existence ? Mais on ne sait jamais, on ne peut jamais vraiment savoir – ça vaut le coup de vérifier de temps en temps. Il met neuf lettres de côté. La soirée promet d’être divertissante.

  Selon sa philosophie, son travail consiste à distribuer le courrier, à le transporter du centre de tri à ses usagers et des usagers au centre de tri. Ce qui arrive entretemps à son chargement ne regarde personne d’autre que lui.

  Il ouvre la porte arrière, sort son chariot, le prépare et le cale sur le trottoir. Chaque sac accueille le contenu de deux plateaux. Une fois le chariot rempli, il commence sa tournée. Il contourne le camion, avance dans la rue, emprunte une nouvelle allée privée qui empeste encore le goudron, reprend le trottoir inégal et déformé par les racines, les roues de son chariot buttent sur les fissures. Il connaît les lieux comme sa poche, la menace que représente chaque plaque de béton surélevée et sur laquelle il faut rouler avec prudence, chaque parcelle réparée au mortier, chaque empreinte de main et chaque initiale apposées autrefois dans le ciment frais (X.V. EST COOL, K ♥ D) par les enfants du quartier, des enfants qui sont désormais à l’université, voire déjà mariés et ayant déménagé, même si certains habitent toujours les maisons qui longent ces trottoirs. Il part vers l’est du côté des promontoires rocheux, là où les arbres doivent pousser en biais pour pouvoir profiter du soleil ou bien restent rabougris s’ils ont pris racine sur de la roche nue et ont manqué d’eau. Un petit bonjour aux femmes au foyer qui le toisent du coin de l’œil, aux universitaires qui tuent le temps en lavant leur Volvo dans l’allée de leur garage. Bonjour aux enfants (et pourquoi ne sont-ils pas à l’école, ceux-là ?), larges détours afin d’éviter les chats qui s’étirent sur des trottoirs inondés de soleil, des gravillons et des débris de feuilles accrochés au pelage.

  Sous le porche du 310 Coolidge, un échiquier attend la reprise de la partie. Mailman grimpe les marches du perron et se demande quel coup il pourrait jouer. Cette maison est celle d’un vieil homme ; il s’appelle Martin Hostetter et a pris sa retraite du département des sciences des matériaux il y a trente ans. Il approche aujourd’hui des quatre-vingt-dix ans. Avant, il y a bien longtemps, il jouait aux échecs avec son ancien facteur. Il joue maintenant avec Mailman, un coup par jour, six jours par semaine. Mailman déteste les échecs, il déteste les jeux de stratégie, ces jeux qui évoluent, changent, ces jeux où la tactique perd de son efficacité à force de répétition ; il préfère les situations figées où une approche unique peut être élaborée, perfectionnée, intégrée et masquée, comme une tournée de distribution du courrier, par exemple. Mais Hostetter insiste, bien que ce soit toujours lui qui gagne. Parfois, le vieil homme se met volontairement en danger en effectuant un déplacement idiot que n’importe quel autre joueur que Mailman saurait tourner à son avantage pour remporter la partie. Mais les tentatives de Mailman sont immanquablement contrées les jours suivants. Le vieil homme doit passer ses après-midi assis devant son échiquier, à imaginer tous les mouvements possibles, prenant son temps pour étudier la situation. Tandis que Mailman n’a que cinquante-six secondes par coup – il a du travail, après tout, alors, est-ce vraiment bien équitable, cette affaire-là ? Absolument pas. Et pourtant, il continue.

  Il joue son coup (cavalier en c3) et jette le courrier dans la boîte. « Bon après-midi, monsieur Hostetter ! » Est-il au moins chez lui ? Mailman n’en sait rien. Il ne le croise que rarement.

  Aujourd’hui, il ne perd pas de temps : factures de gaz et d’électricité. Relevés de carte de crédit de la Fleet Bank. Un document sur le vote du budget de l’école, refusé une première fois, très légèrement révisé, et à nouveau soumis à référendum mardi prochain (« N’oubliez pas de voter ! L’avenir de vos enfants en dépend ! ») ; Newsweek (en couverture : « L’Affaire Napster : quand des gens dépourvus de goût dépouillent des gens sans talent ») ; The Nestor Investor, un torchon gratuit de petites annonces (À vendre : Équipement Fitness Nautalas ! Urgent recherche cages pour animaux ! Niches pour chiens sur mesure en bois de cèdre !) ; des catalogues de vente par correspondance, Pottery Barn, J. Crew et Land’s End (dont les mannequins ont l’air de beaucoup s’amuser, ils se font tous de grands signes en profitant d’une douce brise, un verre à la main) ; des revues parmi lesquelles Hold Everything, The Sharper Image et Brookstone (proposant des articles pour moins se fatiguer au travail, acquérir de la prestance, impressionner son patron). Il jette tout ce courrier dans les boîtes aux lettres, ce qui produit (en fonction du type de boîte) un claquement, un bruit sourd ou un cliquètement, il sait qu’il y a des solitaires chez eux, qui attendent – c’est le meilleur moment de leur journée – tout ce courrier qui ne sert à rien, des gens qui sourient, qui pleurent ou qui ricanent devant ces mannequins d’une vingtaine d’années jouant au cerf-volant sur des plages, tous vêtus de la même chemise à soixante-dix dollars ; ils ont l’air de vieux copains, ces mannequins, des amis que vous auriez connus un jour puis perdus de vue, et qui vous semblent terriblement familiers tandis qu’ils se rendent dans des endroits sympas en plaisantant, chahutant, rigolant, criant, et vous vous demandez ce qu’il se passerait si jamais vous vous joigniez à eux, est-ce qu’ils vous donneraient une bonne claque dans le dos pour vous inviter à les retrouver, à grimper dans la Jeep et à prendre la route pour aller camper, ou même faire un tour en ville – c’est vous qui voyez. Ce monde-là, vous dites-vous, j’irai le voir un jour ! Mais ça coûte trop cher, ou alors vous êtes trop fatigués, ou encore trop déprimés, ou bien vous n’avez personne pour pousser votre fauteuil roulant, ou peut-être que votre femme vous a quitté, et que vous avez mal à la tête, donc vous restez à la maison. Vous restez à la maison en espérant que quelque chose de nouveau vous arrive
par la poste. Vous lisez vos catalogues. Vous commandez des vêtements et vous attendez qu’ils soient livrés.

  Le courrier est un privilège qui n’est pas sans risque. Il peut tout aussi bien embellir votre journée que la foutre en l’air.

  Il est neuf heures trente. Mailman a le temps de boucler la tournée des maisons situées près de la rivière et d’être de retour à sa camionnette pour le concours de mots brouillés. Traînant son chariot encore chargé de l’équivalent d’un plateau de courrier, il se lance comme une flèche dans la rue en évitant carrément le trottoir qui, par ici, est plus ancien et bien plus abîmé qu’ailleurs. Probablement à cause de l’humidité du sol. Il distribue le courrier du 325 et du 327, les habitations respectives de Jodie et de Tom, ces amants intergénérationnels, elle, à l’été de sa vie, lui, déjà en hiver. La dernière lettre pour Jodie écrite par son amie Amanda est restée dans le véhicule, en attendant d’être lue. Il passe devant l’endroit de la rive où la passerelle s’est effondrée en 1983 durant une tempête et n’a jamais été remplacée ; on a installé un gros conduit de gaz à la place, et les enfants du coin jouent dessus comme s’il s’agissait d’une nouvelle passerelle. Un peu plus en aval, un gosse du quartier est tombé et s’est noyé. C’était en août, la rivière était presque à sec, mais le gamin s’est cogné la tête sur une pierre et s’est retrouvé à plat ventre avec le nez et la bouche dans l’eau. Les policiers venus annoncer la nouvelle à sa mère ont trouvé la maison grouillant de cafards et de rats, avec des restes de plats cuisinés vieux de plusieurs mois sous le canapé, le chat de la famille crevé, dans un état de putréfaction avancée dans la chambre du garçon, et des années de courrier jamais ouvert. Ils ont mis la femme en prison pour défaut de soins et placé sa fille de quatorze ans dans un foyer. Un promoteur a acheté le terrain, rasé la maison et construit à la place des appartements pour doctorants. Du courrier pas ouvert ! Ça, c’est bien le signe que quelque chose ne tournait pas rond.